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Effectivement, nous n’avons pas évoqué les conséquences d’un déséquilibre dans la physiologie d’une articulation. Autour de notre balle, nous avons évoqué l’élastique qui perturbe le mouvement : celui qui est plus dense, plus tonique que sa normalité, mais il faut aussi parler des autres : ceux qui subissent ce déséquilibre.
transmettre une force si ce sont des tendons, unir des pièces si ce sont des ligaments, créer un mouvement si ce sont des muscles. Et le déséquilibre va perturber cette fonction : le muscle ne travaillera plus dans l’axe qui lui convient le mieux, le tendon pourra frotter ou appuyer sur un relief voisin etc… Du coup, ces structures vont souffrir et éventuellement réagir, en s’enflammant si c’est un tendon ou un ligament, en se contracturant si c’est un muscle. Dans tous les cas, cela donnera un message douloureux.
D’autre part, dans le voisinage de ces déséquilibres mécaniques, peuvent se situer des nerfs, des vaisseaux ou autres structures qui pourront perturber la fonction d’un organe correspondant et créer des problèmes très variés : digestifs, gynécologiques, des insomnies ou de multiples symptômes.
NB : Les structures qui réagissent ainsi (douleur ou perturbation de fonction) peuvent être à distance de celle qui a un problème (tension, densité), car le corps humain a des possibilités de compensation énormes qui font qu’un déséquilibre peut être compensé par un autre à côté, puis un autre plus loin, jusqu’à ce que ce ne soit plus possible et que la contrainte, ne trouvant plus d’échappatoire, crée une réaction, forcément douloureuse.
Le but sera bien évidemment de redonner son équilibre à l’ensemble de la structure pour permettre à la fonction de se rétablir au mieux: le centre de physiologie devra retrouver sa place et les mouvements devront retrouver la même aisance dans toutes les directions. Pour retrouver cet équilibre, il faudra disperser les tensions qui ont fait perdre la souplesse à notre « élastique » de tout à l’heure.
Le Nota Bene précédent nous fait bien sûr penser qu’on sera amené à chercher à proximité mais aussi à distance de la zone douloureuse ; en effet, le jeu de compensations peut mener loin dans le corps car celui-ci est un ensemble cohérent et communicant. Quand un patient s’étonne du fait que je passe plus de temps à distance de sa douleur que localement, j’aime résumer ce principe de la façon suivante : « Moi, quand j’ai froid aux pieds, c’est mon nez qui éternue ». Une plaisanterie qui parle bien ! Il faudra donc localiser les restrictions de mobilité ; il y a plusieurs possibilités pour cela, nous y reviendrons.
Naturellement, pour faire un diagnostic correct, il est important que le praticien ait une connaissance très poussée de l’anatomie : Andrew Taylor Still, l’initiateur de l’ostéopathie disait : « L’ostéopathie, c’est de l’anatomie, de l’anatomie et de l’anatomie. »
En effet, il doit connaitre chaque surface articulaire, chaque ligament, chaque tendon etc..., pour identifier ce qui est anormal, en tenant compte des variations individuelles. Bon, en plus, l’ostéopathie, c’est un peu beaucoup de toucher quand-même… Pour redonner la mobilité là où elle manque, plusieurs familles de techniques existent en ostéopathie :
Le principe est de créer une mise en tension destinée à localiser le travail sur la zone en restriction puis, par un mouvement rapide et de peu d’amplitude, forcer la pièce osseuse à se déplacer dans la direction où elle a du mal à aller, donc à l’inverse de « l’élastique» qui s’est rétracté. Cela se traduit généralement par un bruit de craquement, à l’origine de la croyance de « remise en place ». Ce sont des techniques directes car elles vont directement dans le sens de la correction, donc à l’inverse de la dysfonction.
Cela se traduira dans les mains comme une « envie » des tissus de retourner vers l’équilibre, donc dans le sens de la correction. On pourra alors raccompagner l’os manipulé vers cet équilibre, donc dans le sens opposé à la dysfonction. Cela se fera en plusieurs étapes et en plusieurs « aller-retour ». On parle alors de techniques indirectes puisqu’on part dans un sens, celui de la dysfonction, pour ensuite revenir dans le sens opposé, celui de la correction.
A ce stade, cette approche ne paraît pas très différente de l’approche fonctionnelle classique, pourtant, le fait de rechercher l’endroit où le tissu est densifié, au lieu de se focaliser sur le mouvement de l’os et donc seulement sur une direction de mouvement, a l’avantage de bien mieux permettre la recherche de « la-cause-de-la-cause-de-la-cause » : de remonter le plus haut possible dans la cascade des causes/conséquences, ce qu’on appelle les compensations. On pourra même scruter le corps dans son ensemble, avec les mains, depuis certains points stratégiques, pour chercher la ou les zones de densification à l’origine de la plainte du patient.
Ces points stratégiques sont en premier lieu le crâne et le bassin, en second lieu la zone hépatique, le reste de l’abdomen, la mandibule, en troisième lieu toute zone qui nous semble intéressante pour accéder à la densité en cause. Ces points stratégiques le sont car ils sont à la confluence de lignes de force, de répartition des masses (surtout en position debout), de tensions de fascias (dans toutes les positions), ces fascias qui forment un ensemble cohérent, en continuité par chaines dans tout le corps.